5 janvier 2019

Extraits - Les Royals tome 1



Extrait 1

« Un toc-toc sur la vitre me sortit de ces horribles souvenirs. Nick était de retour avec un immense sourire. Je ne sais pas ce qu’il préparait, en tout cas, ça avait l’air de l’enchanter. Ce qui, entre nous, ne me rassurait pas. Je relevai la tête et fronçai les sourcils. Une silhouette, assez mastoc, se tenait derrière lui, en retrait. Nick coulissa la porte et un vent glacé me fouetta le visage. Je frissonnai. J’avais froid tant à l’extérieur, à cause de la température négative, qu’à l’intérieur. Être si proche d’une patinoire ou tout autre lac gelé me révulsait. Nick tira le treuil pour que je puisse descendre avec mon fauteuil et m’aida à insérer les roues dans les rails. Quand j’arrivais sur la route, un homme me surplombait de toute sa hauteur. »


Extrait 2 

  « Quinze minutes plus tard, mon état était stationnaire. Mon parrain entra comme un tourbillon dans mon antre, tira les rideaux, ce qui avait pour but ultime de m’éblouir, et souleva ma couverture. Il en était à la phase deux : bouge-toi le cul. La première étape étant : il est l’heure, championne… La trois était plus énergique puisqu’en général, il me prenait à bras le corps et m’emmenait déjeuner sans demander mon avis. Il ne fallait pas le dire, mais c’était ma préférée. Elle me rappelait mon enfance en vacances chez lui. Il me chérissait comme un bébé. C’était mignon. Sauf qu’aujourd’hui, je n’eus pas le droit à ce moment. De toute évidence, il en avait soupé de ma mauvaise humeur. Quand la porte de ma chambre s’ouvrit pour la troisième et dernière fois, j’eus la plus grosse honte de toute ma vie. Je ne rigolais pas du tout.
— La voilà, les gars. Vous la portez, on la charge avec nous dans le bus. Je me mis sur mes coudes, parce que mes paumes de mains me faisaient souffrir. J’étais si bouche bée que pas un son ne sortit de mes lèvres. Kyle était aux pieds de mon lit et quatre balourds en polo des Royals venaient de débouler, sourire aux lèvres.
— Hé ! Hé ! Ne me touchez pas ! Lâchez-moi ! Nick !
Je pouvais tenter de me débattre, j’avoue que d’un point de vue extérieur ça devait être comique.
— Elle cogne fort, la petite, me charia un blond.
— Méfie-toi, il paraît qu’elle mord, renchérit Kyle.
— Si tu la poses sur la glace comme ça, on dirait un pingouin avec ses bras qui s’agitent, rit un brun.
— Faites-en un maki avec les draps, ça la calmera ! s’écria Nick, amusé.
— Ça suffit ! hurlai-je. Stop ! Je peux me débrouiller toute seule !
— Trop tard, beauté. À cause de toi, on a dix minutes de moins sur notre programme, ricana un autre gars.
Je ne savais plus où donner de la tête. Ils me portèrent comme une morte en bas des escaliers où était garé mon carrosse. Jamais je n’avais été aussi mal à l’aise. J’étais en débardeur et short sous ce fichu tissu — ils avaient écouté les conneries de Nick et m’avaient enroulée dedans ! — et je me gelais les fesses. »


Extrait 3 

— Tu as reçu les résultats de ton IRM ? Je me raidis. Mathias était l’un de mes rares confidents. On était tous une bande de copains, on s’entendait tous très bien. Malgré tout, nous avions plus d’affinité avec certains qu’avec d’autres. Mathias et moi nous connaissions depuis toujours, nous avions un parcours sportif similaire, mais, il avait un calme olympien là où les flammes me lynchaient le cœur.
— Pas encore. Lundi, si tout va bien.
— En attendant, détends-toi, Kyle. On a l’impression que t’as un caribou coincé dans le derrière et qu’il t’a refilé ses morpions. Je ne pus me retenir de m’esclaffer.
Mathias et Joël aussi avaient le pouvoir de me faire sourire en toute occasion, y compris les plus démoralisantes.
— Qu’est-ce que tu fais avec Jane ?
— Je ne sais pas. Je n’arrive pas à…
— Arrêter ? J’acquiesçai de la tête.
— Alors, suggère-lui de faire une pause. Les nanas entendent la même chose en général.
— Merci du conseil, Matt.
— Sérieusement, Kyle, tu devrais le faire.
— Mais avant, elle m’apaisait. C’est pas mal d’être avec elle. Elle est calme.
— Il n’empêche que je ne t’ai jamais entendu te marrer avec elle, comme tu le fais avec la petite.
— Ça n’a rien à voir. Erika, c’est le boulot. C’est tout.
— Je ne dis pas le contraire. Il leva les mains en l’air comme s’il se rendait devant mon mauvais caractère.
— Je te prouve juste que si tu te permets autant de liberté avec d’autres filles, alors que tu es si stoïque avec Jane, c’est qu’il y a sans doute une bonne explication, non ?
— Et toi, avec Mary ? changeai-je de sujet pour éviter de répondre.
— Moi ? Mary a décidé de faire une pause, avoua-t-il, bougon.
— Tiens donc ! ris-je.
— Ouais, c’est la merde. Mais elle a raison. La saison commence mardi. On va être sur les routes tout le temps, je ne peux pas lui demander de me suivre et je ne peux pas non plus avoir la tête dans ce genre de relation. C’est peut-être ma dernière année chez les Royals, alors je veux la vivre à fond. Sans contrainte.
— Purée, je comprends pourquoi t’as fait des études de psy… me moquai-je.
Dans la pénombre de la nuit, Mathias se vengea en me balançant une boule de neige bien mouillée. Je n’en restais pas là et nous chahutâmes un moment avant que d’autres gars viennent en renfort. Une heure plus tard, on était tous gelés et morts de rire sous les flocons qui ne cessaient de tomber.


Extrait 4

Je sortis de la chambre et rejoignis Matt qui était assis sur le canapé. Il jouait à la console devant la télévision.
— Où est passé Jo ? demandai-je en m’annonçant.
— Il est rentré se coucher.
— Déjà ? Mathias éclata de rire devant mon air ahuri. J’étais bien placée pour savoir que les athlètes devaient se mettre tôt au lit pour que leur corps récupère un maximum d’énergie, cela dit, je trouvais que c’était très tôt pour un jour de congé !
— J’ai dit se coucher, pas dormir, Erika.
Je piquai un far. Voilà qui était plus compréhensible.
— Jo a une copine ? m’étonnai-je.
— Eh oui. Mais il ne l’ébruite pas trop. Ce grand benêt est du genre superstitieux. Rassure-toi, tout le monde est au courant.
— Pourquoi est-ce qu’il ne l’a pas emmenée à la fête d’anniversaire de Vincent la dernière fois ?
— Il me semble qu’elle est très timide.
— C’est plutôt détonnant avec le caractère extraverti de Joël.
— C’est vrai. Depuis qu’il est avec elle, il s’est beaucoup calmé. Même sur la glace, il ne cherche plus la bagarre. Et crois-moi, on s’en porte mieux sans ses pénalités.
— Oui, j’imagine… Comment est-ce qu’elle s’appelle ?
— Kate.
— Comment ça se fait que tu connaisses tout sur tous, tout le temps ? Il mit son jeu en pose et me regarda avec un sourire énigmatique.
— J’ai fait des études de psy… Les gens se confient facilement à moi.
— Ah, OK. Psychologie, alors ? C’est marrant, je te voyais plus mécano.
Je pouffai avec lui.
— J’aime aussi les voitures, cela dit, répondit-il, amusé. Et toi, qu’aurais-tu été si tu n’avais pas choisi d’être une athlète de haut niveau ?
— Institutrice. Ou entraîneur, quelque chose en rapport avec les enfants et l’enseignement. Pas forcément scolaire. J’adore transmettre, et les petits ont soif d’apprendre.
— Tu sais que tu pourrais le faire pendant ta rééducation ? Je suis sûr que les associations de patinage seraient ravies de t’avoir, tu étais la plus douée d’entre tous. Ce serait un atout considérable pour eux.
— Oui, tu as sans doute raison. Pour le moment, je suis toujours handicapée. Alors, chaque chose en son temps, je ne suis pas prête à affronter Dame Cauchemar. Pas encore.
— Je comprends. Tu as déjà fait d’énormes progrès…
— En partie grâce à vous.
Mathias acquiesça et retourna à son jeu. Je m’installai sur le canapé à ses côtés.


Extrait 5 

— Kyle, qui est-ce ? s’enquit la jeune femme.
— Oh, Claire, voici Erika.
— Erika ? La Erika ?
— Eh bien, je ne sais pas si je suis celle-là en particulier, en tout cas, je m’appelle bien comme ça, ris-je.
Elle me serra la main que je lui tendis.
— Bienvenue chez nous, La Erika, continua la brunette, amusée. Je suis Claire, sa sœur. Rentrons, le froid conserve, mais il nous gèle. Maman a préparé du chocolat chaud avec des chamallows et, si on ne passe pas le seuil de cette porte, j’ai bien peur que mes garçons ne boivent tout.
Elle se décala sur ma droite, puis elle attrapa le coude de son frère et murmura :
— J’ai cru voir Matt ? demanda-t-elle.
— Ouais, moi aussi, se moqua Kyle.
Claire ne fit aucun autre commentaire et partit devant nous. Kyle resta à mes côtés puis vint à mon secours lorsque je dus quitter mon siège pour monter les marches du perron. Avant même que je puisse lui dire que je pouvais me mettre debout, il me prit dans ses bras comme un bébé. J’en fus toute retournée. Il ne m’avait jamais aidée de cette manière jusque-là. En général, il était plutôt du genre à me laisser tomber pour que je puisse apprendre de mes erreurs, pas à me porter comme un chevalier servant. Pour autant, je ne m’en plaignis pas. En revanche, quand il voulut m’asseoir sur le rocking-chair, je lui fis non de la tête et il me déposa avec délicatesse au sol. Je continuais à m’accrocher autour de son cou quelques secondes de plus, et je pus le regarder droit dans les yeux. J’y lus autant de fatigue, par ses cernes, que de tristesses au fond de ses pupilles. Ils pétillaient aussi de ce petit quelque chose que je ne reconnus pas. Je me tins à la rambarde pendant qu’il montait mon carrosse et me réinstallai comme une reine.
— En voilà des progrès, me complimenta-t-il, fier.
— Je t’avais dit que Guz n’était pas un con, le taquinai-je. Il rit, et c’est à ce moment-là que je compris à quel point Kyle m’avait manqué. Il n’était pas seulement question de son visage, ni même de son rire, c’était un tout. Sa force, son charisme, ses ridules au coin des amandes qui lui donnait un charme fou, ses fines cicatrices qui faisaient de lui un être unique, son parfum, sa voix... Avoir été si loin de lui ne m’avait pas aidée à prendre du recul sur nous, au contraire. La distance m’avait tenue en haleine jusqu’à nos retrouvailles. Pour cet instant T. Il se rapprocha de moi, me caressa la joue, toujours autant amusé par ma remarque, et, de toutes mes forces, j’eus envie qu’il m’embrasse. Rien qu’une fois. Que je goute encore à ses lèvres, tout juste gercées par le froid.
— Tu m’as manqué, chuchota-t-il.
Puis la porte de la maison s’ouvrit avant même que je ne puisse prononcer un mot.



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