7 novembre 2018

Extraits : Le miracle de l'ange




Extrait 1 

Assise sur son Trône noir, à l’intérieur de son gouffre infernal, Lilith bouillait d’une colère incontrôlable. Autour d’elle, tout réagissait à sa fièvre. À l’approche des sept, le feu jaillit derrière son siège, illuminant la pièce aux couleurs rougeoyantes. Les bras posés sur les accoudoirs taillés d’os enferrés, elle claquait ses ongles sur l’extrémité, faisant résonner à tue-tête son irritabilité. Les sept hommes, alignés en face, s’inclinèrent, genoux au sol, sur le brasier incandescent, les mains dans le dos en parfaite soumission.


Extrait 2  

Je ne me souvenais de rien en ce qui me concernait, excepté deux choses. Gravées, à tel point qu’il m’était difficile de comprendre pourquoi précisément ces détails-là. Je connaissais mon nom et prénom. Comme un matricule sur une plaque de métal militaire. Et ceux-ci tournaient inlassablement dans ma tête à longueur de journée, comme si le simple fait de m’appeler Gabriel Malakh pouvait évoquer une période antérieure à l’accident. Ou par extension, m’ouvrir les portes scellées de mon passé. Pourtant, rien. Je n’apparaissais nulle part. Dans aucun registre.


Extrait 3 

— Tu as Anna.
— Serais-tu sourd ?
— Non. J’entends même les rouages de tes pensées. Ton cerveau carbure à l’hydromel. Écoute, d’après Zélé, tu semblais en harmonie ici, avant ton accident. C’est tout ce que tu as à savoir. Pourquoi chercher plus loin ?
— Parce que je ne sais pas qui je suis ! Je fais des rêves bizarres, je suis complètement accro à cette femme qui m’attend en bas. Je n’arrive pas à la sortir de ma tête, mais je ne veux pas la faire souffrir. Je me crois honnête avec elle, mais si du jour au lendemain, je me découvre truand, mesquin avec une double vie ?
— Pff, ah, ah !
Raphaël éclata de rire. Vraiment. Très fort. Et je le fixai avec des yeux grands ouverts.
— Pardon, je n’ai pas pu me retenir, glousse-t-il. Rassure-toi, petit ange, tu n’es rien de tout ça.[…]


Extrait 4 

Les yeux de Lilith devinrent rouges. Ses cheveux d’une blondeur incroyable s’obscurcirent, avalant la noirceur de l’ombre, le vent s’infiltra à l’intérieur de la maison, les rideaux volèrent en tous sens ; il n’y avait plus rien de commun dans cette pièce. Le néant avait englouti ce qui jusque-là avait été un simple appartement dans le centre-ville. Un couteau, orné de bijoux de toutes les couleurs, apparut dans sa main. Elle s’entailla la paume gauche, du pouce au petit doigt. Elle psalmodia la langue des ténèbres et elle lécha son sang avant de m’embrasser et de me repousser par dégoût.


Pour tout savoir sur ce roman, rendez-vous ici.