21 septembre 2018

Extraits: A coeur ouvert




Extrait 1 

    Ce soir-là, tout s’est passé sans bruit. « Le fou de la gâchette », comme l’avaient appelé les journalistes, avait pénétré silencieusement dans la maison. La porte d’entrée donnait directement sur le séjour, ce qui lui procurait un angle parfait pour ne pas hésiter une seule seconde. Les coups de feu de son arme n’avaient produit qu’un léger « Tumb », pourtant tout le monde avait été blessé. Or, personne n’eut sa vie menacée comme la mienne. Théo avait été le moins touché. De par sa position, j’ai pu le protéger. 
    J’avais réussi à m’allonger sur lui, et la balle qui lui était destinée m’a d’abord traversée pour l’effleurer ensuite. La douleur l’avait plongé dans l’inconscient. Ma mère et mon père n’avaient pas eu autant de chance, mais tout de même. Lui s’est pris deux projectiles. Un qui s’était logé dans son bras gauche, et l’autre dans son genou. Maman avait été frappée à la tête et s’était évanouie instantanément. 
    Moi… 
    Moi, j’étais l’objet du contrat. L’acolyte du tueur m’avait attrapée par les cheveux pour me traîner dans la chambre principale. Il avait voulu s’amuser avec moi. Mais je ne m’étais pas laissé faire. Le meneur du binôme avait préservé ma vertu seulement pour m’achever plus vite. Il avait tiré en plein dans mon cœur. Cependant, par chance, la balle avait ripé. Je m’étais en effet débattue avec force lorsque le violeur me tenait. 
    Ce soir-là, j’ai joué mon plus beau rôle. J’ai mimé un cadavre. Et ils m’ont crue. J’ai retenu mon souffle en même temps que mon rythme cardiaque ralentissait. Quand l’un d’eux s’est approché de moi pour vérifier ma respiration, il a ricané. J’ai su que j’étais son contrat parce qu’après cela il avait sorti son téléphone et avait appelé son commanditaire.
    — C’est fait. Elle est raide 


Extrait 2 

     J’aimais à croire que j’étais installée au centre de Bryant Park, au milieu de cette verdure éclatante et apaisante, et qu’au lieu de l’hôpital se trouvait l’immense librairie publique où je passais le plus clair de mon temps, lorsque je ne peignais pas. 
     — À quoi pensez-vous ? me demanda-t-il avec sa voix qui me caressait les tympans.  
     — New York. 
     — Sérieusement ? s’étonna-t-il. 
     — Oui, c’est là que je vis. Enfin… Vivais, avant tout ça. 
     — Oh, je l’ignorais. Vos parents ne l’ont pas mentionné dans leur déposition. 
    Ce dernier mot me fit un électrochoc, et j’ouvris les yeux. Il brisa instantanément mon semblant de sérénité. 
    — C’est pour cela que vous êtes ici, William ? Pour que je puisse, moi aussi, expliquer ce qu’il s’est produit ? 
    — Will, me corrigea-t-il. Et, non. Ce n’est pas mon travail. Et ce n’est pas non plus l’objet de ma visite. 
     — Alors, pourquoi êtes-vous venu ? 
     — Pour vous. Simplement pour vous, madame Peut-être. 


Extrait 3 

    Je pouvais toujours essayer d’être raisonnable, c’était elle qui me poussait à la déraison. Et, contre ça, impossible de lutter. 
    — Les heures de visites sont terminées depuis deux heures. Et, je ne fais partie d’aucun membre de votre famille. Le flic posté à votre porte ne me laissera pas entrer… Pas sans me battre, tentai-je avec humour. 
   — Vous battre ? demanda-t-elle pour vérifier si elle avait bien entendu. 
   — Oui. Et moi, en preux chevalier, je vais devoir lui refaire le portrait… Ça va faire mal, il va peut-être même y avoir un peu de sang, si je cogne assez fort… Mais ça en vaut la peine. Qu’en pensez-vous ? 
  — Je pense qu’un chirurgien esthétique serait bien moins douloureux pour lui qu’un preux chevalier… 
    J’étouffai un rire. Je commençai à percer l’armure de peur qui la recouvrait. 
    — J’aurais pu être un excellent chirurgien esthétique, mais il fallait trop d’études. J’ai bien pensé à travailler dans le bâtiment, spécialisé dans le ravalement de façade, bien sûr, mais… Que voulez-vous, je sais à quel point l’uniforme de pompier affole les femmes. Et puis, j’ai l’étoffe d’un héros.     
   Cette fois-ci, je l’entendis rire. Mon cœur se gonfla de joie. Finalement, c’était peut-être vrai. J’étais sans doute devenu, le temps d’un soir, son héros… 


Extrait 4 

    J’entendis un bruit sourd et le couinement des ressorts du sommier. Je me retournai, surprise et un peu effrayée. Je trouvai Will, étendu sur le lit, les bras derrière la tête, en terrain conquis. 
    — Mais qu’est-ce que vous faites ? m’alarmai-je. 
    — Je teste mon lit. 
    — Quoi ? 
    — Je teste mon lit, répéta-t-il, amusé. 
    — Je ne suis pas sourde ! Il s’agit de ma chambre. 
    — Certes, mais vous avez fait un choix. 
    — Je n’ai rien fait de tel ! 
    — Ah, mais si. Je vous ai dit : je dors proche de vous. Vous avez refusé de prendre la chambre de votre frère, qui était parfaite puisque communicante avec la mienne. Donc, je dors avec vous. 
    Il sourit de toutes ses dents et haussa les sourcils en grand vainqueur. Il n’était pas question que je dorme avec lui. 
    — Oh, mais je suis certaine que David va apprécier… 
    — Ah ! Ah ! dit-il. Probablement pas, c’est pour ça que j’adore l’idée ! 


Extrait 5 

    Toute la colère qu’il contenait était tellement lourde qu’on pouvait la couper au couteau. S’il fallait que je passe vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec cet homme, je voulais en apprendre plus sur lui. 
   — Pourriez-vous arrêter vos allers-retours, s’il vous plaît ? Vous finissez par me donner le tournis… 
     — La belle au bois dormant s’est réveillée du pied gauche ? 
     — Je ne suis pas encore debout, à ce que je sache… 
     — Grrr, c’est qu’elle pourrait mordre en plus. J’adore ça ! 
    Je levai les yeux au ciel. Il ne servait à rien d’argumenter puisqu’il prenait un malin plaisir à me taquiner. 
    — Agathe est votre femme ? 
    — Pardon ? 
    — C’est une impression ou je viens de vous décontenancer ? 
    — Une impression, répondit-il, la voix descendue d’une octave. 
    — Vraiment ? Alors, qui est-elle ? 
    — Quelqu’un que vous ne connaissez pas. 
    — De toute évidence. Vous ne voulez pas répondre ? 
    — Non. 
    — OK… Et là, qui a envie de mordre ? 
    — Moi. Mais c’est toujours le cas quand il s’agit de vous… 
   — Will ! m’écriai-je plus comme un couinement alors qu’il riait. Ce n’est pas un comportement correct de la part d’un homme marié ! 
    — C’est vrai. J’aurais pensé que vous m’auriez dit cela parce que vous étiez déjà fiancée… me nargua-t-il. 
     — Est-ce qu’on peut avoir une vraie conversation d’adultes ? 
     — Pas vraiment, non. 
     — Mais pourquoi ? 
     — Parce que, dans ce cas, vous allez certainement me poser des questions personnelles. Et je vais devoir y répondre honnêtement. 
     — C’est le but, oui. Et ? 
     — Et alors, vous tomberiez amoureuse de moi. Et, ça poserait un énorme problème puisque vous êtes fiancée. 
     — Bon sang ! Dites-moi que je rêve… 
   Je me pinçai l’arête du nez tout en étant abasourdie par ses propos. Quel excès de confiance ! Quelle prétention ! Je soufflai fort pendant que lui se retenait de rigoler, puis je décidai de me lever. 


Extrait 6 

     Sarah nous redonna nos boissons avec un clin d’œil et repartit vers ses clients. 
     — Vous venez souvent ici ? demanda-t-elle naïvement. 
     — Oui, autant que je peux, souris-je. 
    Ma réponse l’avait surprise. Elle n’avait pas encore compris que ce lieu était à ma sœur. 
     — C’est pour ça que la barmaid vous drague alors ! 
     Je m’étouffai avec ma Guinness. 
    — Pourquoi vous pensez qu’elle me drague ? 
    Soudain, la vision de Sarah me sautant dessus me brûla la rétine. 
     — Elle n’arrête pas de vous appeler par des petits surnoms et vous fait des clins d’œil ! 
     — Ah… Que voulez-vous, je suis un homme à femmes ! 
     — Et la vôtre, que pense-t-elle de tout ça ? Vos sorties, les femmes… Moi et ma foutue protection rapprochée ? 
    Je ris franchement cette fois-ci. Son entêtement à croire que j’étais marié était rafraîchissant. Je m’approchai d’elle et soulevai une mèche de cheveux pour atteindre son oreille. Elle frissonna. J’adorai ça. 
      — Je ne suis l’homme que d’une seule femme… Par jour ! 
      Elle me tapa le bras de son poing, et je laissai éclater ma joie. 
      — Espèce de… ! Vous êtes… ! 
   — Complètement dévoué à votre service jusqu’à ce soir minuit ! la narguai-je alors qu’elle continuait de se défouler gentiment sur mon épaule. 
     Ma sœur décida d’intervenir à ce moment-là. Si elle ne l’avait pas fait, j’aurais pu avoir un sérieux hématome sur le biceps. 
     — Ah, j’adore les querelles d’amoureux ! Mais les bagarres, c’est dehors, joli cœur ! 
   — Nous ne sommes pas… Ce n’est pas… Il n’est pas… bégaya Clara alors que je m’amusai comme un fou. 
     — Oui, je sais. Mon frère a tendance à faire cet effet-là… plaisanta Sarah. 
     — Votre… frère ? s’écria Clara alors que je repartais dans mon fou rire.


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