10 janvier 2020

Extraits - Les Royals : Tome 2



Extrait 1 

    Je refermai ma boîte à musique cassée qui contenait toute une myriade de réminiscences. Nous habitions la maison de Grand-Pa depuis un mois à présent et nous pendions la crémaillère. J’avais laissé Kyle inviter ses amis, les miens étaient restés à Boston, avec mon ex-mari. Et, à bien y réfléchir, c’était plus des connaissances qu’autre chose. J’essuyai rapidement mes yeux mouillés, et à cet instant-là, la porte de la chambre s’ouvrit sur Mathias, qui toquait doucement. 
    — Salut, Princesse. 
    — Matt ? 
   Il resta quelques minutes sur le seuil à m’observer. Il se rendit certainement compte que mes yeux étaient encore brillants de larmes, et je devais avoir l’air louche avec ma boîte dans les mains, serrée contre mon cœur. 
    — Tout va bien ? demanda-t-il en entrant doucement. 
    — Oui, je faisais un peu de rangement, murmurai-je, penaude. 
   Je posai mon trésor sur ma table de nuit et arrangeai un peu ma tenue.
   [...] 
   C’est une des raisons qui m’avait poussée à ressortir ma fameuse boîte. Je ne voulais pas gâcher la présence inespérée de Matt. Il était là, ça me rendait étrangement heureuse.


Extrait 2 

    — Il veut savoir comment tu as connu Kyle et Claire, chuchota Erika, complice.
    — Ah…
    [...]
   Nous venions tout juste d’emménager dans le quartier et, les Gervais, nos plus proches voisins, avaient organisé une fête en notre honneur. Ils avaient tout installé dans leur gigantesque jardin. Lorsque nous étions arrivés, Claire était sortie sur la terrasse, un plateau dans la main. Elle était allée si vite qu’elle avait trébuché sur la première marche et avait déboulé sur les genoux, jusque sur l’herbe. Son frère, au lieu de l’aider, avait ri, en la pointant du doigt. J’avais vu rouge. Mon cœur avait battu si violemment la chamade que j’avais eu du mal à respirer et mes paumes étaient devenues moites. Je détestais l’injustice et les moqueries gratuites. Comme Abi me connaissait parfaitement, elle avait compris tout de suite ce qui se jouait. Elle avait filé droit sur Kyle alors que je m’étais précipité vers Claire qui sanglotait. Au vu de ses blessures, j’étais certain qu’elle pleurait parce qu’elle s’était sentie humiliée. Alors, avec précaution, je lui avais étendu les jambes qu’elle tenait serrées contre son ventre, et j’avais tamponné ses bobos avec une serviette mouillée, avant de lui appliquer un énorme pansement que sa mère venait de me donner. 
    — N’en rajoute pas, tu veux, grogna Kyle, en me coupant dans le récit. Je passe pour le pire des crétins !
     Erika pouffa et lui caressa le dos en signe de réconfort.
     — Tu étais le pire des crétins ! le charria Claire.
     — Chut ! On veut la suite ! s’écria Connor.
    — Voilà, voilà… continuai-je. Donc, pendant que je prenais soin de votre maman, ma sœur, Abi, s’était jetée sur votre oncle et lui avait envoyé un coup de poing magistral dans l’œil.


Extrait 3

    Vers minuit, Connor hurla dans son sommeil. Je me mis à courir jusqu’à sa chambre. Il pleurait à chaudes larmes. 
     — Maman, maman, répétait-il comme une litanie. 
     — Chut, mon bébé, je suis là. Tu as fait un cauchemar, ce n’est rien. 
     — Maman… Papa t’a frappée. J’ai vu, sanglotait mon fils. 
     — Connor, ton père n’est plus là. Il est à Boston et nous sommes à Montréal. Très loin. 
    Mon cœur se serra. J’avais cette étrange impression qu’il ne parlait pas de son mauvais rêve. Mon grand garçon hoqueta et prit le verre d’eau que lui tendit Kyle. Je n’avais même pas remarqué que mon frère m’avait suivie. 
     — J’ai… j’ai peur, maman. 
     Une boule se coinça dans ma gorge et je sentis le barrage céder sous la tristesse. Kyle me demanda de s’installer à ma place, par un signe de tête. Il se rendit bien compte que j’étais incapable de prononcer un mot sans pleurer. Alors, il consola son neveu dans ses bras et lui murmura des paroles réconfortantes. Je restais assise de l’autre côté, tenant la main de Connor et laissant mon propre frère apaiser le cœur de mon bébé. Au bout de quelques minutes, il finit par se rendormir paisiblement. Je l’embrassai sur la tempe et descendis dans un silence oppressant. 
[...] 
    Le cauchemar de mon fils n’en était pas un. Il s’agissait de la raison pour laquelle j’avais décidé de quitter mon mari. Adrian avait eu ses humeurs les dernières années, et ça n’avait pas été agréable. Du tout. J’avais enduré ça parce que je croyais l’aimer profondément, et parce qu’il était le père de nos deux merveilleux enfants. Puis, un soir, alors qu’il me reprochait je ne sais plus quelle horreur, il m’avait frappée si fort que j’avais atterri genoux au sol, sous les yeux terrifiés de Connor. Ce fut la première et dernière fois que notre fils avait été témoin de cette violence conjugale.

Extrait 4 

     — Je n’avais pas prévu de venir ici. À la base, je partais juste courir pour faire le vide. 
     — Mais tu es là, constata-t-elle en soulevant un sourcil. 
   J’adorais quand elle faisait ça. Cela lui donnait un côté espiègle qu’elle ignorait posséder. Je la détaillai à mon tour, avec envie. Elle portait un léger peignoir qui lui couvrait les genoux et cachait ce qu’elle avait en dessous. Son décolleté était assez plongeant pour me laisser imaginer des choses peu avouables. Ses cheveux bruns étaient attachés par un crayon de papier. Un simple crayon qui lui donnait l’air d’une artiste au saut du lit. Ses petites taches de rousseur lui rehaussaient ses traits juvéniles et j’avais envie de l’embrasser comme si ma vie en dépendait. 
    Cette femme m’attirait chaque jour un peu plus et, si je ne m’étais pas contrôlé, j’aurais pu lui voler un millier de baisers. Nul besoin de me demander comment et pourquoi j’avais atterri chez elle, plutôt que de revenir sur mes pas. Mon cœur ne m’appartenait plus depuis bien longtemps. Pour le moment, elle ne souhaitait pas le conserver, mais j’avais espoir qu’un jour elle m’offrirait la chance de faire entièrement partie de sa vie. 
    — Mais je suis là, répétai-je, la voix rauque. 


 Extrait 5 

     — Oh, mais c’est que notre Claire rougit. Tu aurais des révélations à nous faire sur Matt, peut-être ? s’enquit Lilas qui n’avait pas perdu une miette de mon malaise. 
     — Non. Non, non. 
     — Tu parles ! Avec le passé de ces deux-là, on pourrait en écrire un roman, me taquina Erika. 
     — Merci la discrétion, bougonnai-je. 
   — Vous êtes plutôt fusionnels, et très mignons quand vous êtes ensemble dans la même pièce, lâcha doucement Kate. 
   De toutes les filles présentes, je fus surprise qu’une telle bombe soit sortie de sa bouche. Elle n’était pas du genre à s’éprendre sur sa vie, et encore moins sur celle des autres. Kate avait tout de la jeune fille très timide et introvertie. On se tourna toutes les trois vers elle et Kate se recroquevilla sur elle-même telle une huître. 
     — Désolée, murmura-t-elle, gênée d’être le centre de l’attention. 
    — Oh, mais j’y pense ! Est-ce que c’est à cause de toi que Matt est dans la lune en ce moment ? me demanda sérieusement Lilas. 
    — Non ! Il a une vie en dehors de moi. C’est mon meilleur ami, OK, mais rien de plus.


Extrait 6 

     — Ça ne fait que commencer, éructa Adrian avant de repartir, les mains dans les poches.
    Claire se retourna dans mes bras et colla sa tête dans mon cou, sous les yeux ahuris de Kyle. Pour la discrétion et l’aveu en douceur, c’était loupé. Il passa devant nous et, quand il ouvrit la porte, les garçons lui sautèrent dans les bras. Ils n’avaient rien remarqué, Claire leur avait mis un dessin animé quinze minutes avant que leur père ne sonne. Les petits, absorbés par la télévision, ne s’étaient rendu compte de rien.
    — T’es revenu ! s’écria Gavin qui me sauta dessus aussi. On a demandé à maman, mais elle nous a dit qu’elle ne pensait pas, qu’il fallait d’abord que tu parles à oncle Kyle ! Mais moi, j’étais sûr que tu reviendrais. J’aime bien quand tu dors avec maman, elle est toujours contente avec toi. J’adore son sourire, en plus on croirait qu’elle a du maquillage avec ses joues rouges. Elle dit qu’elle en met pas, mais moi, j’aime bien quand même.
    Il m’offrit le plus beau de tous les sourires innocents et moi je devais être blanc comme un cachet. Kyle n’arrêtait pas de me fixer et je n’osais même pas regarder Claire. Nous allions passer un très mauvais quart d’heure.


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